Qu'est-ce que la Bigorexie ?

Rester en forme, augmenter la force et l’endurance physique, améliorer ses performances sportives ou tout simplement s’aérer l’esprit, sont parmi les objectifs recherchés par tout sportif, aussi bien amateurs que professionnels. Cependant, lorsque ce besoin d’activité devient compulsif et irrépressible, on parle de bigorexie. Dans cette pathologie, le sport n’est plus un plaisir, mais un véritable besoin qui fait souffrir l’individu qui en est atteint.

La bigorexie, ou dysmorphie musculaire, est en effet un trouble obsessionnel lié à l'image corporelle, où une personne devient obsédée par le développement musculaire et perçoit son corps comme étant insuffisamment musclé, même si elle est en réalité en bonne forme physique. Les individus atteints de bigorexie s'entraînent de manière excessive, souvent au détriment de leur santé physique et psychologique, tout en suivant des régimes alimentaires stricts pour gagner de la masse musculaire. Ce trouble peut être considéré comme une forme de dysmorphie corporelle, où l'individu ne voit pas son corps tel qu'il est réellement.

A NE PAS CONFONDRE!

“Bigorexie” et “Exercice Physique/Entraînement ”

La bigorexie a été reconnue en 2011 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une maladie caractérisée par:

“La dépendance à l’exercice physique dans le but de développer une masse musculaire disproportionnée par rapport à la normale et qui, à long terme, peut avoir des conséquences néfastes sur l’appareil locomoteur, le système endocrinien, l’appareil cardio-respiratoire, la psyché et la santé mentale de la personne bigorexique. »

L’exercice physique/entraînement est perçu depuis longtemps comme étant positif, bénéfique pour la santé et essentiel à une santé physique et mentale optimales. Ce n’est pas pour rien qu’on encourage à tous et chacun à pratiquer des activités physiques régulièrement; on connaît très bien ses effets positifs sur notre santé!

Quelles sont les causes?

Causes génétiques : Des prédispositions génétiques à des troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) ou à des troubles de l'image corporelle peuvent augmenter le risque de développer la bigorexie. Ces traits héréditaires peuvent influencer la perception de soi et exacerber les comportements perfectionnistes liés à l'apparence physique. 

Causes neurobiologiques : Des anomalies dans les circuits cérébraux liés à la récompense, à l'anxiété et à la régulation des impulsions peuvent contribuer à la bigorexie. Les déséquilibres de certains neurotransmetteurs, comme la dopamine ou la sérotonine, peuvent renforcer des comportements compulsifs. Par ailleurs, le rôle des endorphines a souvent été mis en avant pour expliquer la bigorexie. En effet, les endorphines sont de véritables opiacés produits par le cerveau lors d’une activité sportive et à l’origine d’un «bien-être» qui se traduit par une diminution des douleurs, un effet anxiolytique et euphorisant. Cet état serait celui recherché par les patients souffrant de dépendance au sport.

 Causes psychiques : Les personnes ayant une faible estime de soi, un perfectionnisme exacerbé ou des troubles obsessionnels-compulsifs sont plus susceptibles de développer la bigorexie.

Causes familiales : La pression familiale pour maintenir une apparence physique idéale ou des dynamiques familiales centrées sur le succès, la performance, ou l'image corporelle peut jouer un rôle dans le développement de la bigorexie.

Quelles sont les facteurs de risques?

 

Quels sont les facteurs de risque ?

Les facteurs de risque déclenchant des comportements bigorexiques sont nombreux et complexes. Parmi les plus fréquents :

  • Pression culturelle et médiatique : Les représentations médiatiques idéalisant des corps extrêmement musclés, notamment dans le monde du fitness, les sports ou les réseaux sociaux, peuvent accentuer la pression sur les individus pour qu'ils atteignent un physique irréaliste.

  • Antécédents de troubles de l'image corporelle : Les personnes ayant déjà souffert d'un trouble de l'image corporelle, comme la dysmorphie, l'anorexie ou la boulimie, sont plus à risque de développer des comportements propres à la bigorexie en raison de leur préoccupation excessive vis-à-vis de leur apparence.

  • Personnalité perfectionniste : Les individus ayant une tendance à rechercher la perfection dans leur apparence physique ou leurs performances sont plus susceptibles de développer une obsession pour l’augmentation de leur masse musculaire et l'entraînement sportif.

  • Antécédents d'anxiété ou de TOC : Les individus souffrant de troubles anxieux ou de troubles obsessionnels-compulsifs sont plus enclins à adopter des comportements rigides et obsessionnels vis-à-vis de leur entraînement physique et régime alimentaire.

 

Quels sont les symptômes ?

Le symptôme principal caractéristique de la bigorexie est le désir très intense, voire compulsif, d’effectuer une activité sportive pour laquelle la personne concernée investit de plus en plus de temps au détriment même de sa santé, vie personnelle et professionnelle. D’autres signes comportementaux, psychiques et physiques permettent aussi de détecter ce type de pathologie :

Signes comportementaux :

  • Entraînement excessif et compulsif : Séances de musculation intenses, souvent de plusieurs heures par jour, même en cas de douleur ou de fatigue.

  • Suivi obsessionnel de régimes alimentaires : Respect rigide d'un régime hyperprotéiné, avec des règles alimentaires strictes pour maximiser la prise de muscle.

  • Dépendance aux compléments ou stéroïdes : Usage excessif de suppléments, voire de stéroïdes anabolisants, pour accélérer les résultats physiques.

  • Évitement des activités sociales : Priorisation de l'entraînement sur les relations et les loisirs, entraînant souvent un isolement progressif.

Signes physiques:

  • Fatigue chronique : Épuisement dû à l'entraînement excessif, avec peu ou pas de temps de récupération.

  • Blessures fréquentes : Douleurs musculaires, tendinites, et blessures répétées en raison de l'absence de repos entre les séances d'exercice.

  • Déséquilibre hormonal : Utilisation de stéroïdes pouvant entraîner des effets secondaires graves, comme l’acné, la calvitie, et des troubles hormonaux.

  • Perte de masse graisseuse extrême : Pourcentage de graisse corporelle souvent très bas, au détriment de la santé générale.

Signes psychiques :

  • Perception corporelle déformée (dysmorphie corporelle): Insatisfaction persistante quant à sa musculature, même si la personne est déjà en excellente forme physique.

  • Anxiété liée à l'entraînement : Stress ou angoisse intense si une séance de musculation est manquée, ou si les résultats escomptés ne sont pas atteints.

  • Obsession pour la taille des muscles : Pensées envahissantes et obsessionnelles sur la croissance musculaire et l'apparence physique.

  • Faible estime de soi : Se considérer constamment comme "insuffisamment musclé" ou "trop faible", alimentant un sentiment de frustration et de culpabilité.

"Sport à tout prix ? Dépendance à l’exercice physique et soins de santé primaires en contexte français : traduction française et validation de l’Exercise Addiction Inventory", DUMAS (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance)

 

Quelles sont les conséquences à long terme ?

La bigorexie est un trouble du comportement qui peut avoir des conséquences graves, voire fatales, sur le long terme. Les conséquences néfastes pour l’organisme (et donc la performance) peuvent durer des mois, des années, et devenir même irréversibles.

"Bigorexie - Le sport, ma prison sans barreaux: TEMOIGNAGE D'UNE SPORT-ADDICT", Servane Heudiard, 2021 

Complications physiques :

  • Blessures musculaires et articulaires permanentes : L'entraînement excessif sans repos adéquat peut provoquer des lésions chroniques aux muscles, tendons, et articulations.

  • Problèmes cardiaques : L'utilisation prolongée de stéroïdes anabolisants peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, comme l'hypertension et les crises cardiaques.

  • Déséquilibres hormonaux : L'abus de stéroïdes peut perturber les niveaux hormonaux naturels, entraînant des effets tels que l'infertilité, la calvitie et la gynécomastie (chez les hommes).

  • Épuisement physique et fatigue chronique : La surentraînement et les régimes extrêmes peuvent provoquer une fatigue constante et des niveaux d'énergie bas qui se traduisent par une diminution des performances physiques.

Complications psychiques :

  • Dépression et anxiété chronique : Le sentiment constant d'insatisfaction corporelle peut conduire à une dépression chronique et à une anxiété persistante liée à l'apparence.

  • Rupture et isolement social : Une obsession vis-à-vis de son entraînement et image corporelle peut entraîner une rupture avec la famille, les amis, et tout type d’activités sociales.

  • Obsession rigide et perfectionnisme : La poursuite incessante du corps parfait peut enraciner de manière permanente des comportements obsessionnels, inhibant toute capacité de gestion du stress et des émotions.

  • Troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) aggravés : L'obsession pour le corps et les routines d'entraînement peut se transformer en un TOC sévère, rendant difficile toute flexibilité dans la vie quotidienne.




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